En ce jeudi 2 mai d’élections locales en Angleterre et au pays de Galles, où un tiers des sièges de conseillers municipaux, dix postes de maire de région et d’agglomération et plusieurs postes de superviseurs de la police sont remis en jeu, les regards sont tournés vers Birmingham. Deuxième ville du pays, elle est perçue comme la capitale des Midlands, cette large bande de territoire considérée comme le centre de l’Angleterre, où Andy Street postule pour un troisième mandat de maire des West Midlands. À ce poste, il préside l’autorité combinée des West Midlands, qui gère les transports, l’environnement, la planification et le développement économique de la région et ses 2,9 millions d’habitants.

Un conservateur élu dans un bastion travailliste

Andy Street détonne dans le milieu politique britannique. Celui qui était depuis 2007 directeur général du groupe de grands magasins haut de gamme John Lewis, après avoir gravi les échelons de l’entreprise depuis son arrivée comme stagiaire en 1985, est choisi en 2016 pour représenter le Parti conservateur lors de l’élection inaugurale de maire des West Midlands. Le choix paraît alors osé tant cette zone est historiquement un bastion travailliste. À la surprise générale, il est élu l’année suivante d’une courte tête. Son résultat préfigure la vague bleue qui inondera la région connue comme le « mur rouge » travailliste lors des élections générales de 2019, sous l’impulsion de Boris Johnson.

Son franc-parler séduit d’autant que l’homme remplit ses promesses de construction de logements à prix « raisonnable » et promeut la régénération des villes oubliées depuis l’effondrement de l’industrie lourde. Il milite aussi pour la construction d’une ligne de train à grande vitesse depuis Londres, promise par Boris Johnson. Lorsque celle-ci a finalement été annulée en raison de son coût trop élevé, à l’automne dernier, par Rishi Sunak, Andy Street n’a pas hésité à monter au créneau contre le premier ministre, en menaçant de démissionner pour défendre l’intérêt de ses administrés. « L’idée selon laquelle un maire doit être en parfait accord avec son premier ministre n’est qu’un leurre », a-t-il récemment dit au Times.

Cette année encore, il s’est éloigné autant que possible des Tories, son parti d’origine qui ne figure ni sur ses brochures, ni sur son site Internet, de couleur verte. « C’est tout à fait délibéré de ma part de mener une campagne individuelle autour de la “marque Andy” et il en a toujours été ainsi », a-t-il récemment reconnu. À ses yeux, cette stratégie se justifie par le « rôle politique différent » du maire, dont les préoccupations ne sont pas celles de Westminster, le quartier londonien qui abrite le Parlement et les ministères, dont selon lui, « les gens ont assez ».

Un troisième mandat envisageable

Bien qu’il ait été réélu, en 2021, avec 54 % des voix, l’issue de ce scrutin du 2 mai est incertaine. Entraîné par les conservateurs dans leur chute – plus de 20 points les séparent des travaillistes dans les intentions de vote nationales –, il a longtemps été donné perdant. Jusqu’à un sondage publié dimanche 28 avril, le créditant de deux points d’avance. Un troisième mandat semble désormais envisageable. D’autant que 53 % de ses électeurs ont reconnu qu’ils voteront pour une personnalité plutôt que pour un parti, à l’occasion de cette élection des West Midlands, selon le centre de réflexion Centre for Cities.

Pour le Parti conservateur, comme pour l’opposition travailliste, le résultat d’Andy Street pourrait faire figure de test avant les élections générales qui auront lieu au plus tard fin janvier 2025. Si une personnalité aussi forte et positivement reconnue que lui est détrônée, aucun député conservateur ne se sentira en sécurité. S’il parvient à sauver son poste, il redonnera espoir aux élus de son camp.