Agathe et Fred sont décrits par leurs amis comme un couple « bien sous tous rapports » et un modèle de famille recomposée réussie : Agathe s’entend très bien avec Mathias, le fils de Fred, né d’une précédente union. L’irruption soudaine de la mère de l’adolescent, atteinte d’un cancer, va changer la donne. Elle alerte Agathe sur la personnalité trouble de Fred, ses mensonges, ses infidélités… Le doute s’immisce : et si ce mari, sans cesse en déplacement professionnel, cachait quelque chose ? Au même moment, on apprend qu’une femme a été retrouvée morte dans l’hôtel où Fred était descendu à Marseille.

On n’en dira pas plus pour préserver le suspense de cette série belge en six épisodes. Écrit en collaboration avec l’autrice de polars Barbara Abel, Attraction épouse le point de vue de cette mère au foyer qui réalise brutalement sa dépendance et sa vulnérabilité face à un homme dont, finalement, elle ne connaît pas grand-chose. Agathe a renoncé à son métier de sage-femme quinze ans plus tôt, suite au décès accidentel d’un nouveau-né, et s’est isolée. Son émancipation ne va pas de soi.

Touches de singularité

Face à Lannick Gautry, glaçant dans le rôle du mari, Laura Sépul suscite notre compassion sans trop forcer le trait et son personnage gagne en complexité (et en duplicité) au fil des six épisodes. Rythmé par de nombreux rebondissements, parfois un peu trop systématiques en fin d’épisode (les fameux cliffhangers !), ce thriller psychologique joue avec nos nerfs, sa mise en scène signée Indra Siera adoptant les codes du film d’horreur pour mieux nous surprendre.

Assez classique sur la forme, Attraction sort parfois des sentiers battus par l’originalité de certains personnages, comme cet enquêteur doux-dingue ou cet avocat atteint de troubles autistiques. Ces touches de singularité donnent du relief à la série, récompensée du prix de la meilleure fiction francophone étrangère au Festival de La Rochelle 2022.